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Présentation du projet
Le colloque international et
interdisciplinaire « Marginalités au féminin dans le monde
lusophone » se propose de mener une réflexion sur un thème d’une
importance majeure et d’une actualité indéniable. Certes, la
question féminine et celle de la marginalité touchent à des domaines
souvent abordés dans la Littérature, dans les Arts et,
naturellement, par les Sciences Humaines et Sociales. Toutefois il
nous semble que jusqu’ici manquait une approche pluridisciplinaire
de cette problématique, se construisant autour de l’ensemble des
pays de langue officielle portugaise dans leur unité et leur
diversité et prenant en compte le temps historique, ses continuités
et ses ruptures. C’est ce que ce colloque se propose de concrétiser.
De très nombreux facteurs peuvent être
évoqués pour justifier une spécificité de la question féminine dans
l’espace lusophone. Il y a tout d’abord, et pour remonter aux temps
les plus lointains, l’immensité d’un empire qui se déployait sur
tous les continents et qui s’obstinait à réunir sous sa coupe
politique, économique, sociale et religieuse des peuples (avec
inévitablement leur composante féminine) aux traditions, aux
cultures, aux cultes et aux organisations sociétales complètement
différents, les contraignant à développer les plus fines stratégies
pour ne pas renoncer à leurs racines tout en se conformant, en
apparence, aux impératifs dictés. De ce fait, l’histoire de tous ces
pays (d’Afrique, d’Amérique, d’Asie) a été ponctuée, jusqu’à la fin
de l’empire et à la période relativement récente de décolonisation,
par des situations, des événements, dont les incidences sur les
femmes sont évidentes mais pas toujours explorées, et orienteront
nos analyses : esclavage, colonisation, métissage, dépendance
politique et économique, invasions, dictature, guerre, émigration,
assimilations forcées…
Tenter d’élucider la
marginalité, qu’elle soit ou non féminine, n’est pas un pari aisé.
Nous relèverons ce défi en nous efforçant tout d’abord de définir,
dans le vaste domaine que nous nous sommes fixé, le concept de
« marginalité ». Rappelons que, dérivé de « marge », terme qui
vient lui-même du latin « margo, marginis », dont le sens est
« bord », « marginalité » renvoie en premier lieu à un envers, à une
transgression, à la non acceptation et/ou à l’exclusion du système
social, à un conflit de valeurs. Est marginale toute personne qui
n’est pas conforme à la norme posée par le groupe social auquel elle
appartient, toute personne qui se situe à la périphérie, dans une
situation d’éloignement d’un centre qui peut être politique,
économique, social, psychologique, culturel, religieux… Marginal est
celui/celle qui vit, en l’affichant ou non, une différence, une
déviance considérée comme dangereuse pour les structures en place,
et, à un degré supérieur, un/une rebelle qui a rompu des liens
symboliques et moraux garants d’un ordre tenu pour légitime.
Néanmoins la marge entretient une
relation dialectique avec le centre et on doit, pour aborder la
marginalité, prendre en considération la norme établie ; de plus, la
marge est toujours susceptible d’être un lieu possible d’émergence,
d’évolution, de naissance d’un nouveau centre, en même temps qu’elle
est un « miroir déformant » de la société permettant une
distanciation salutaire.
Afin de poser au mieux le
cadre théorique dans lequel nous développerons nos communications,
afin aussi de définir dès la première journée les concepts que les
intervenants mettront en lumière et utiliseront au cours du
colloque, la conférence d’ouverture aura un caractère plus général.
En considérant
spécifiquement les pays de langue officielle portugaise, nous nous
interrogerons sur les marges par rapport à un ensemble de normes qui
peuvent couvrir différents champs sociétaux (culturel, politique,
religieux…) en les situant dans des contextes historiques et
artistiques précis, locaux ou, au contraire, mondiaux. En explorant
le concept de « marginalité », nous nous interrogerons également sur
la condition de la « marginale » dans
sa dimension sociale, sexuelle, familiale, intellectuelle, politique
et poétique. L’étude des contextes sociaux, économiques et
politiques nous conduira à poser la question de l’existence
éventuelle d’un profil de « marginale » propre au monde lusophone.
Ce colloque s’inscrit donc naturellement à la confluence des deux
axes actuels de recherche de notre Centre de Recherches sur les Pays
Lusophones (CREPAL), « Raconter la vie. Textualités » et « Echanges
transatlantiques dans l’aire latine contemporaine : idées, formes et
textes au XIXème et au XXème siècles ».
Les questions soulevées sont
nombreuses et ouvertes. Tout au cours de notre réflexion collective,
nous nous attacherons à observer à la fois concrètement et
théoriquement la figure de la « marginale » en multipliant les
approches. Quelles sont, du point de vue social (dans la perception
qu’on a d’elle, dans son rôle, dans les responsabilités qu’elle
assume, dans ses formes de révolte ou d’acceptation), les incidences
de la situation d’exclusion qu’elle vit au quotidien ? Quels aspects
prend-elle ? Quelles sont les conséquences de ce qui peut être senti
comme une frustration ou au contraire devenir un choix assumé, une
revendication, même ? Comment ces conséquences sont-elles
canalisées, refoulées, exprimées, subverties, comment se
concrétisent-elles ? Comment les figures de la marginalité
sont-elles reprises dans les œuvres artistiques et littéraires ?
Autant de questions qui seront abordées par des spécialistes des
Lettres, des Arts et des Sciences Humaines et Sociales.
Les participants
orienteront leur communication autour du thème de leur choix,
néanmoins, afin d’obtenir une certaine homogénéité, nous indiquons
les axes suivants :
- Conformité et déviance
- Frontières culturelles : quand la
marge devient norme
- Marginalité/dictature, systèmes
totalitaires, contextes de guerre
- Colonisation et décolonisation.
Cultures coloniales et postcoloniales
- Marginalité et défense de la femme
/féminisme /
- Représentations ‘marginalisantes’ de
la femme
- Marginalité /engagement civique,
religieux …
- Littératures et arts féminins de la
marge
Ce projet fera l’objet de
quatre colloques internationaux et interdisciplinaires organisés en
collaboration avec les universités étrangères suivantes :
- Université Sorbonne Nouvelle –
Paris 3 (Institut d’Etudes Lusophones/CREPAL/Institut Camões -
Chaire Solange Parvaux), les 24, 25, 26 novembre 2014.
Organisation à charge de Maria Cristina Pais Simon, Maître de
conférences.
- Faculdade de
Letras da Universidade de São Paulo; Universidade Federal Fluminense
de Niterói, Brésil , année 2015. Organisation à charge des
Professeurs Paulo Motta Oliveira et Ida Alves.
- Faculdade de
Letras da Universidade Clássica de Lisboa, Portugal ,
année 2016. Organisation à charge du Professeur Vanda
Anastácio.
- Département de portugais de The
Ohio State University, USA , année 2017. Organisation à charge
du Professeur Pedro Schacht Pereira.
Cette série de colloques donnera
également lieu à des publications qui contribueront à l’écriture de
la question féminine dans le monde lusophone. Il convient, pour
cela, que les travaux présentés, quel que soit leur domaine
(littérature, arts, ou autre), ne perdent jamais de vue les
contextes civilisationnels dont relèvent les problématiques. Afin
que cette question soit le plus profondément argumentée et débattue,
nous réunirons des spécialistes de divers domaines : littérature,
histoire, sociologie, arts, médecine/psychologie/psychanalyse… ainsi
que des femmes écrivains de langue portugaise.
Le premier des quatre événements
prévus aura lieu les 24, 25 et 26 novembre à l’Université Sorbonne
Nouvelle – Paris 3.
Langues de travail :
français et portugais.
Comité d’organisation :
- Maria Cristina Pais Simon, Maître de
conférences en Etudes lusophones, Université Sorbonne Nouvelle-Paris
3, CREPAL.
- Paulo Motta
Oliveira, Professeur Associé, Faculdade de Letras da Universidade de
São Paulo, CNPq, Brésil.
- Albertina Ruivo, Chercheuse au
CREPAL ; IEMO/CHC/CHAM.
Comité
scientifique :
- Vanda Anastácio,
Professeur Associé, Faculdade de Letras, Universidade Clássica de
Lisboa, Portugal.
- Maria Cristina Pais Simon, Maître de
conférences, Etudes lusophones, Université Sorbonne Nouvelle-Paris
3, CREPAL.
- Maria Graciete Besse, Professeur des
Universités, Université Paris-Sorbonne, CRIMIC.
- Anne-Marie Quint, Professeur
émérite, Etudes lusophones, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3,
CREPAL.
- Ida Alves, Professeur Associé,
Universidade Federal Fluminense, CNPq, Niterói,
Brésil.
- Paulo Motta
Oliveira, Professeur Associé Universidade de São Paulo, CNPq, Brésil.
- Olinda Kleiman, Professeur des
Universités, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, CREPAL.
- Pedro Schacht
Pereira, Professeur Associé, Portuguese and Iberian Studies,
Departement of Spanish and Portuguese, The Ohio State University,
USA.
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